Pour cette septième année consécutive _ ana göldin squatte chez anaïs pour une seconde édition de collaboration avec trois musiciens /// MNNSK /// ANAÏS /// LASE TUPE /// elle leur soumet un film tourné à la step de la chaux-de-fonds intitulé origin _
installations vidéos /// performance * samedi à 15:00 et dimanche à 17:00 /// musiques /// punk
samedi 29 de 14 à 20h et dimanche 30 octobre de 14 à 18h
Rue Fritz Courvoisier 25a
2300 La Chaux-de-Fonds
*lecture sonique _
« La crise de foi
On savait l’argent bien malade. Ca faisait assez longtemps qu’il avait disparu de la circulation, au point qu’on avait trouvé avantageux de lui substituer chèques, cartes de crédit, supposés versements de banque à banque et autres valeurs prétendues convertibles.
Un ancien riche repenti vient de révéler le pot-aux-roses : non seulement l’argent est mort, mais encore, comme Dieu, il n’existe pas !
La valeur-étalon de notre société capitaliste n’a pas plus d’existence que la Sainte Trinité !
Les matérialistes étaient des enfants de choeur, des jobards, des faux sceptiques.
Dollars, marks, francs, livres sterling, yens et lires sont des devises aussi précieuses que des hosties ! Quand on n’a pas la foi, elles valent moins qu’une tranche de saucisson à l’ail.
Du bidon. Du vent. De la fumée.
Et pourtant, il y a des riches et des pauvres. Pourtant, l’injustice sociale, elle se voit à l’oeil nu. Pourtant, quand on n’a pas de quoi payer son loyer, ou ses impôts, de gros ennuis nous attendent. Comment expliquer cela ?
Ah, c’est là que réside toute la cocasserie de l’histoire. On se figurait que le manque d’argent faisait le pauvre et que l’accumulation de biens définissait le riche. Eh bien, c’est juste le contraire : la pauvreté produit le manque, la richesse crée l’illusion de l’argent.
Pour réussir ce tour de passe-passe, aucun diplôme n’est requis, il suffit d’appartenir à une bonne famille, de posséder quelques rudiments de calcul et d’être au bon endroit au bon moment. Les prêtres agissent-ils autrement ? Bien entendu, il en existe de plus charismatiques que d’autres. Ceux qui gèrent aujourd’hui le mythe de l’argent n’appartiennent pas à la catégorie des meilleurs. Ils accumulent les bourdes, se tirent dans les pattes et vocifèrent des blasphèmes en plein temple boursier.
Les pauvres en viennent à douter de la réalité de l’or, auquel ils croyaient pourtant, hier encore, dur comme fer.
La foi naïve qui leur permettait de supporter docilement les matraquages au cours de luttes sordides en vue d’obtenir quelques misérables sous d’augmentation, qui les pousse toujours à jouer aux courses, au loto, à gratter, à transpirer, cette foi est en train de s’effriter. Ils ont commis tant de crimes crapuleux, tant de hold-up savants, tant d’escroqueries ingénieuses, en pure perte. Et ceux qui, égaillés sur toute la surface de la planète, grattaient la terre pour y trouver un milligramme d’or, traquaient les éléphants pour s’emparer d’un peu d’ivoire, tuaient les phoques, piégeaient les renards, trafiquaient les esclaves, les femmes, les enfants, n’étaient pas plus malins. Ils se sont donnés et ils ont fait le mal pour rien.
La fameuse dette des pauvres pourrait aussi bien s’exprimer en kilos de merde.
Seuls les faux-monnayeurs méritent d’être réhabilités : ils n’ont jamais fabriqué une monnaie plus fausse que l’originale. »
la bricoleuse digitale en profite pour vous livrer un extrait de l’installation présentée en 2015 pour bon pied bon art 6.0